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Mad Runner
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2 juin 2008

Trekking en solitaire dans le Cantal

Aller, une petite histoire de trekking pour s'endormir. Pas si petite que ça, en fait, et pourtant j'ai abrégé tant que j'ai pu.
Ne vous attendez pas aux merveilleuses aventures de Peter Pan ou à l'épique récit de l'Odysée : c'est juste les humbles vacances d'un type qui avait perdu la pédale de frein de ses chaussures de rando.

 

Je vous le fais genre journal de bord du Capitaine Barbe-Verte.

 

Jour 1
Je suis revenu hier de Strasbourg, pour passer moins de 10 heures à Paris. Il est midi et demie, et me voilà déjà, après plus de 5h de train, lancé à Murat, sur le GR400 (Volcans du Cantal). Grâce aux conseils futés des MUL, mon sac pèse un peu moins de 8kg (je n'ai jamais eu à me plaindre du poids par la suite).

01

Pour ce premier jour, le programme est assez court, mais fait office de test qui me permettra d'évaluer ensuite les distances et la durée de mes parcours. Les premiers mètres de dénivelés me conduisent à l'église Romane de Bredon.

02

Je ne croise pas beaucoup d'être vivants, la région est vraiment déserte. Même les chevaux jouent à faire le mort.

03

Tout en marchant, je contemple, mi-admiratif mi-inquiet, les montagnes que je vais grimper demain.
Arrivée à mon gîte d'étape au Col Prat de Bouc (très sympa) à peine 3h30 après mon départ. Mais je suis tout de même fatigué : j'ai avancé au pas de course. Et puis j'ai encore le semi-marathon de la veille dans les pattes.

Jour 2
Grosse grosse journée de prévue. 2 étapes en une. Départ à 8h.
Ça commence direct avec 450m de dénivelé, pour grimper au Plomb du Cantal, le point culminant des volcans du Cantal (1855m). Je me perds un peu au début, et lorsque je finis par retrouver le sentier, c'est pour affronter le vent.

04

On croirait qu'il y a du brouillard dans la vallée. Pas du tout. Je suis juste en plein dans un nuage. Plus que 100 mètres avant le sommet !

05

Sur un flanc se trouve un escalier qui facilite bien les choses. Je sors des nuages pour passer au dessus. Je trouve ça poétique, cet escalier vers le ciel.

06

Je descends ensuite du Plomb par une longue crète où les plaques de neige sont fréquentes (et amusantes : ça glisse super bien héhé).

07

Whaou... la diversité des paysages est frappante : on passe des nuages neigeux aux pâturages verdoyants. J'aime énormément ces grands espaces, où je suis absolument seul (je n'ai croisé personne).

08

Thiézac. Les randonneurs y font habituellement étape. Il faut dire que ça fait déjà 6 heures que je marche. Mais pour moi, la journée n'est pas finie. Je viens de redescendre dans une vallée, et il faut que j'aille dans sa voisine !

09

En redescendant vers Mandailles, mon étape de ce soir, j'aperçois le Mont Griou, si caractéristique. Je me prends à imaginer sa cime exploser de lave incandescente. Les ptérodactyles ne sont pas loin.
J'ai mis au final 10h30 à parvenir à Mandailles. Inutile de vous dire que je suis exténué. Je boitille même un peu !

Jour 3
Je trainasse un peu le matin, le temps de prendre un petit dèj excellent (confitures maison, céréales, la totale) et d'aller faire quelques emplettes pour midi. Mon hôte m'a indiqué un raccourci pour mon prochaine étape, mais bien entendu, je dédaigne le prendre. J'suis pas un marcheur de pacotille, non mais.

N'empêche que du coup je me tape une forêt ultra boueuse, un chemin qui passe dans une rivière (ou l'inverse, allez savoir). Et finalement, je suis assez crevé quand j'arrive enfin sur la crête, accueilli par les Salers cornues.10

Ces placides bestioles se montrent hargneuses dès qu'on approche un veau, et comme dans mon parcours scolaire j'ai pas pris option bataille de cornes, il est de bon ton de ne pas énerver maman vache.

11

Photo prise dans la descente du Puy Chavaroche, mon préféré du massif. Majestueux, central, un peu enneigé, je l'aime bien. De là-haut je vois toutes les montagnes que j'ai déjà grimpé et celles qui me restent à escalader. Superbe.
Il m'aura fallu 8h30 tout de même pour arriver au gîte glacé du Fau. Je vais manger une truffade typique dans la taverne du patelin, histoire de me rappeler à quoi ressemble un humain (j'en croise si peu dans mes balades !). Note au passage : au moment de prendre ma douche, je m'aperçois que j'ai dû oublier ma serviette dans le gite précédent. Il faudra que je m'essuie avec un t-shirt jusqu'à la fin du voyage.

Jour 4
Théoriquement le jour le plus cool de la semaine.
Pour me réveiller, je touche une clôture électrifiée. C'est amusant. Essayez chez vous, vous verrez.

12

L'objectif de la journée est le Puy Violent (à gauche sur la photo), mais avant d'y parvenir, je lutte pour retrouver mon chemin. Encore une fois, il s'agit à la fois de ne pas perdre le GR, et en même temps d'éviter les marais. Peu à peu, j'apprends où marcher (en repérant les végétaux, ou la couleur de la terre qui s'enfonce de 15cm quand on marche dessus). A un moment, je perds totalement le chemin balisé, et je décide, plutôt que de le chercher, d'avancer juste avec ma carte et les courbes de dénivelé comme repère. Une fois la forêt franchie, le Puy Violent est aisément atteint.

13

Cette forêt que l'empreinte pour redescendre est bien mystérieuse. J'y croise un groupe de chamois (importés des Alpes parait-il). La descente au village du Falgoux est sympathique.
Il m'aura fallu 7h pour boucler cette journée, mais je me suis beaucoup perdu (j'y ai même laissé mes lunettes de soleil, perdues je ne sais où). La douche du soir est un vrai plaisir, même si l'eau n'est pas loin de partir en vapeur tellement elle est brulante.

Jour 5
Une belle journée (je n'ai pas eu une goutte de pluie jusque là) qui s'annonce ! Je prévois pas mal de crête et de sommets, avec possibilités de raccourcis si je suis fatigué (car je suis épuisé chaque soir).

14

Je suis enthousiasmé par toute ce vert dans le paysage. C'est en partie pour cela que je suis venu ici.

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Tout petit au milieu de l'immensité...

Évidemment, je décide de ne prendre aucun raccourcis, et je vais donc au Puy Mary (l'un des 4 plus grands sommets du Cantal), malheureusement très touristique. Note : Record à battre : du pied au sommet, soit 200m de dénivelé, j'ai mis 12 minutes, sac sur le dos. C'était le petit défi en passant.

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En y allant, je croise une petite mare qui reflète les nuages. Des nuages qui finiront par s'assombrir très vite, m'envoyant une bonne averse en fin de journée, ce qui m'a permis de tester le poncho (efficace).
Le gite du soir, près du Claux, est familial, bon enfant.

Jour 6
Je n'ai pris aucune photo ce jour-là. La première a été prise la veille, et les suivantes le lendemain. Pas de photo, car un temps pour le moins inadéquat. A base d'orage, vous voyez ? Le principe de la journée est simple : Je grimpe sur une crête, je la parcours, je redescends dans la vallée voisine. Mais voilà, le temps s'en mêle...

J'arrive rapidement au pied de la crête, encore fringuant de ma bonne nuit. Mais déjà, il y a de grosses bourrasques, et je me demande ce que ça va donner 400m plus haut, sans aucun paravent. Une fois en haut, il y a une ambiance terrible (non, pas comme au concert de ta star préféré, mais, oui, ça décoiffe aussi). Le GR est, une fois n'est pas coutume, hyper bien balisé, et la traversée de la Brèche de Rolland promet d'être très sympa, avec ce vent infernal qui m'oblige à avancer les jambes arquées pour avoir de bons appuis.

17

Sur la photo, il faut imaginer que je suis parti de la droite pour aller à gauche. Mais surtout, il faut imaginer les nuées qui sont derrière la montagne et font tout ce qu'elles peuvent pour passer de l'autre côté (ce qui donne un sacré vent là-haut).
Pour me donner du courage, je commence à chanter. Toujours pas de pluie, mais autour de moi, le brouillard s'épaissit.
Et puis arrive la brèche (cet espèce de trou enneigé qu'on voit bien sur la photo ci-dessus). Je dois désescalader une paroi, franchir le passage à moitié glacé, et re-escalader de l'autre côté. Aucun soucis d'habitude, mais le vent me fait craindre de m'envoler, surtout que le vent est encore plus fort dans cette brèche que sur la crête.
Alors, minutieusement, je prévois mentalement où je vais poser les pieds, de quelle manière je vais grimper en face. Je descend doucement jusqu'en bas, en me cramponnant à la paroi. J'ai un peu peur pour ma vie, mais je me lance en courant en étant à moitié accroupi pour éviter la prise au vent. Puis je grimpe tout comme j'avais prévu.
Ouf ! J'en suis sorti !
La pluie se met à tomber, mais qu'importe, le pire est passé !

18

Je redescends ensuite vers le Lioran, où m'attends mon hôtel, ultime étape de mon périple. Ce faisant, je tombe sur le Trail Merrell Oxygen (presque par hasard) ! J'accompagne les derniers kilomètres des concurrents en les encourageant. Ça me fait plaisir de les voir, j'ai l'impression qu'ils viennent d'un monde connu alors que je sors d'une autre planète.
Cette journée a été finalement très courte (4h30), mais riche en émotion.

Pour conclure, c'était donc un trek très sympa. Les étapes étaient longues et fatigantes, mais je voulais un parcours sportif. Et puis, côté paysage, j'ai été très gâté. Quant à la météo, que du beau toute la semaine, sauf la fin, mais je m'en serai voulu de passer à côté d'une expérience aussi intéressante que la traversée de cette foutue brèche (que je ne retraverserai plus jamais ! Téméraire mais pas suicidaire !).

19

Comme je pense que ça peut intéresser des randonneurs, je ferai un commentaire avec toutes les références des gites.

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S
Lundi 19 mai – nuit au Col Prat de Bouc<br /> 04.71.20.20.92 (appeler après 17h)<br /> 35,5€ la demi-pension<br /> <br /> Mardi 20 mai – nuit à Mandailles<br /> http://www.gite-vert-azur.fr/gite-etape-cantal.html<br /> 04 71 47 93 81<br /> 13,5€ la nuitée, petit dèj 5,5€<br /> à 200m de l’Eglise, indiqué depuis le GR400<br /> <br /> Mercredi 21 mai – nuit au Fau<br /> 04.71.40.73.10<br /> nuitée 10€30 / possibilité de ½ pension et prépa pique-nique<br /> <br /> Jeudi 22 mai – nuit au Falgoux<br /> 04.71.69.52.63<br /> nuitée : 9€80<br /> Le gîte est ouvert toute la journée<br /> <br /> Vendredi 23 mai – nuit à Lavialle<br /> 04.71.78.34.84<br /> nuitée : 36€<br /> <br /> Samedi 24 mai – Nuit au Lioran<br /> Hôtel Le rocher du Cerf<br /> à côté du téléphérique et de la balnéo<br /> 47€ la demi-pension<br /> 04.71.49.50.14<br /> _________________________________________<br /> <br /> MATOS<br /> <br /> Sur moi<br /> <br /> Casquette running (permet d’orienter la visière)<br /> Lunettes de soleil<br /> T-shirt noir à col U normal (éviter les coups de soleil dans le cou)<br /> Slip sport<br /> Pantalon léger<br /> Chaussures de rando Merrell à tige basse (plus légère que des tiges hautes)<br /> Chaussettes Quecha respirantes et maintien renforcé<br /> <br /> <br /> Dans mon sac (8kg max.)<br /> Sac Quechua 40L Forclaz<br /> <br /> Vêtements<br /> - Doudoune<br /> - Polaire manches longues<br /> - Thermolactyl<br /> - Bonnet<br /> - Paire de chaussette (TSM chaudes)<br /> - Collant de running<br /> - Protection pluie (k-way + protection sac ET poncho)<br /> <br /> Cuisine<br /> - Tupperware<br /> - Bol<br /> - Couteau<br /> - Cuillère<br /> <br /> Toilette<br /> - Gel douche<br /> - Brosse à dent<br /> - Coupe ongle<br /> - Serviette<br /> <br /> Pharmacie<br /> - Pansements<br /> - Désinfectant<br /> - Coton<br /> - Mouchoirs<br /> - Aspirine<br /> - Bandage<br /> - Micropur<br /> - Crème solaire<br /> <br /> Divers<br /> - Sac de couchage S10 Ultra-Light<br /> - Étui de lunettes de soleil<br /> - Papiers (carte d’identité, liste des gîtes, billets de train)<br /> - Argent<br /> - Carte IGN<br /> - Carnet et stylo<br /> - Appareil photo + piles de rechange<br /> - Frontale<br /> - PQ<br /> - Sifflet<br /> - Boussole<br /> - Gourdes (contenance 1,5 L mini)<br /> - Bouffe (gel énergétique de secours, lyo, barres de céréales)<br /> - Téléphone portable
C
Alors là, je ne savais pas que le Cantal était si beau... C'est bien de partir en solo, tu profites de la silence et tu vois plus je trouve. Tes photos sont très belles, cependant c'est vrai qu'on voit mieux avec nos propres yeux!
S
@ Hell : Au sujet des grands espaces, je me suis demandé si certains n'avaient pas un air de famille avec des paysages écossais... A voir à ton retour d'Edinburgh !<br /> <br /> @ D.ambulante : Hey ! bien vu :p
D
Ah ben si tu te mets à chanter ne t'étonne pas qu'il pleuve ! :p<br /> <br /> Sinon sympathique tout ça !
H
Tu aurait quand même pu attendre de prendre la photo avant de tuer le cheval pour ton diner: ça l'fait pas là XD<br /> <br /> Si je résume, tu as perdu:<br /> - une serviette<br /> - des lunettes de soleil<br /> Comme le dis ludoUSM, tu as bien fait de ne pas prolonger ^^<br /> <br /> Vraiment une bonne rando quoi! Content pour toi, sutout pour les magnifiques paysages que tu as vu (déjà que tes photos sont belles, et en plus je suis bien placé pour savoir que les photos ne rendent généralement rien dans de tels grands espaces)<br /> <br /> Bonne poursuite! :)
Mad Runner
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